" – Peu importe d’où l’on vient. Il n’y a pas de tonique. Le thème et son développement ne sont qu’un mirage…
Il y a une musique toujours inattendue.
– Et les dissonances ?
– Dieu les a créées, elles aussi…"
Jaume Cabré - "Voyage d'hiver" - 2014

”La terre, il se pourrait bien après tout que ce soit une espèce
de merveilleux petit appareil enregistreur, plaçé là par on ne sait qui,
pour capter tous les bruits qui circulent mystérieusement dans l’Univers.”
Pierre Reverdy - ”En vrac” - 1929

”J’entends tous les bruits de la terre grâce à mes oreilles et mes nerfs de cristal
dans lesquels circulent le feu du ciel et celui des volcans.”
Michel Leiris - ”Le point cardinal” - 1927

"L'écoute, c'est l'ombre de la composition"
Pascal Dusapin - 2008

 

08/09/2019

Rien et le silence


 

Le RIEN est une réalité physique, le RIEN est immense, peut-être même infini, ce qui n’est pas RIEN.
Et le SILENCE apparait comme un indice du RIEN, car RIEN ne se passe.

RIEN / SILENCE : Le RIEN n'est jamais rien.
Se souvenir d'avoir entendu dans le désert du Sahara une lointaine plainte qui ressemblait au son que la mer fait sur un rivage. Aucun vent, aucun souffle d'air, du sable, des pierres, des dunes, à des kilomètres de l’oasis aux portes du désert… S’attendre à approcher de près le réel SILENCE. Et comprendre bien plus tard qu'il s'agissait probablement du phénomène acoustique connu qu'on appelle "le chant des dunes", décrit par Marco Polo au XII ème siècle, et analysé depuis par nos scientifiques contemporains.
En roulant les uns sur les autres, les grains de sable se cognent. Lors de cette collision, de l’énergie est transmise sous forme de vibrations. Il est souvent créé à des kilomètres de là par des sortes d'avalanches de sable .
Se croire au milieu de RIEN, plongé dans le SILENCE qui n’en est pas un.

Un autre SILENCE remarquable à approcher serait une visite dans la chambre anéchoïque de l'IRCAM (communément appelée "chambre sourde") qui est une des deux plus "sourdes" du monde : y entendre seulement tous les sons de son corps, les flux sanguins, la respiration, les battements de son coeur... etc...
A noter qu’il est d'ailleurs interdit de pénétrer dans cet endroit seul: dans des moments de fragilité personnelle, on peut y perdre la raison!



Dans sa ”Conférence sur rien”, John Cage nous dit qu'il n'a RIEN à dire, et qu'il va le dire. Pourtant il ouvre de nouvelles perspectives, discourt tant de la forme que du fond, avançant parfois de façon espiègle et masquée. Les mots sont donnés à entendre et à rebondir dans les décalages que sa parole provoque.
Le RIEN ne serait il pas simplement une forme de résistance à ce "trop plein" que nous offre nos sociétés contemporaines? Trop plein qui englobe les idées de vitesse, de consumérisme, de confusion de sens, de rentabilité.

 
André Breton disait qu’au fond, dans l’absolu, le SILENCE n'existe pas, sauf dans la mort.



"Il pourra arriver qu'un son inexplicable par des événements mécaniques, éclate au coeur de la nuit… 
peut-être continuerez-vous à penser qu'il s'agit d'un cri, d'une voix animale; 
vous écoutez, et des sons préparatoires s'organisent, 
il se peut que vous n'entendiez pas le filament du néon qui scintille, 
en vérité, vous n'avez rien entendu, vous devez l'admettre. 
...
Ces bruits, comme de menus glissements de failles, 
provoquent ce tremblement de choses qui peu à peu s'effritent… 

Plongé dans le silence, il se peut qu'un bruit soit alarmant. 
Plongé dans le noir, il se peut qu'un flash soit inquiétant. 
Plongé dans le noir, il se peut qu'un son strident soit irritant. 
Immergé dans la lumière, il se peut qu'un silence soit éloquent…" 

Oscar Teppaz  in  "La loi du silence" - octobre 1932




”Le silence est une tranquillité mais jamais un vide ; 
il est clarté mais jamais absence de couleur ; il est rythme ; il est le fondement de toute pensée.”   
Yehudi Menuhin



"Silence is at the beginning and end of everything in life."  
Charlie Haden




Aussi un extrait du livre "Au piano avec Eric Satie" du pianiste Jean-Joël Barbier:

"Comme les Gymnopédies, surtout la troisième, les Gnossiennes sont, avant tout, musique de silence. Celle de Debussy l’est, très souvent aussi – mais d’une autre manière. Il y a chez Debussy, des silences joués. Chez Satie, le silence va jusqu’au vide. Le vide est tout autour de cette musique, dont on aimerait pouvoir parler en se taisant. […]
Ce qui rend cette musique si difficile à appréhender, si impressionnante – presque effrayante dans sa nudité – si fragile, si humaine, c’est peut-être, justement le silence qui est autour. Elle sort du silence, et elle rentre dans le silence – comme celle de Debussy, certes, mais de façon toute différente –, sans que le silence en ait été terni." 
merci à Joséphine Ducat, auteure de "L'oxymoron d'Arcueil", pour cette info



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1 commentaire:

Anonyme a dit…

Se taire ?

http://metaclassique.com/metaclassique-11-se-taire/