"Les nuits électriques" est un film réalisé en 1928 par le réalisateur ukrainien Levhen Slavchenko Eugéne Deslaw (1898-1966), figure incontournable du cinéma français d'avant-garde. Il était un ami de Luigi Russolo qui joua en direct sur ses films avec le Rumorharmonium
"
Le film " à acteurs " ne me tente absolument pas. J'estime que la nuit
moderne, peuplée de lumières étranges et chantantes, la nuit moderne qui
ne ressemble vraiment à aucune autre nuit de l'histoire, est
photogénique autant, plus encore que le visage d'une belle femme... Je
ne travaillais pas selon un scénario préconçu. Je sortais le soir avec
beaucoup de foi et mon petit appareil que tout le monde prenait pour un
simple appareil photographique. Je me perdais dans la mer, dans la nuit,
dans la foule. Je chassais les images comme on chasse des oiseaux. Des
vagues sonores déferlaient. Le miracle venait à pas rapides, haletant.
Je le saisissais confusément et l'enfermais dans ma boîte." Eugéne Deslaw
A voir, bien sûr, du même cinéaste Eugéne Deslaw, le formidable film "La marche des machines" datant de 1927, ainsi que le film muet "Montparnasse" de 1930 (malheureusement introuvable sur le net ces derniers temps), une déambulation poétique et surréaliste dans le quartier de Montparnasse à Paris,
où se mêlent quotidien et insolite et se croisent clochards,
hommes-sandwichs, saltimbanques et artistes, parmi lesquels Buñuel, Fujita, Marinetti et Russolo.
"Montparnasse
d'Eugène Deslaw est une réussite avant-gardiste, où l'oeil
bascule en permanence, nourri d'insolite et de mouvement... Plans obliques, plongées déroutantes
sur la fourmilière, vues qui glissent et se chassent. Le spectateur,
pris d'un somnambulisme visuel, se laisse guider par l'euphorie des images... Ombres et lumières sont arbitrées habilement et inondent les
lignes brisées de tel ouvrage bétonné ou de cette cariatide
au dessin sensuel. La caméra se promène entre les tables de
La Rotonde et surprend une coquette saupoudrant un nez brillant ou un intellectuel,
des révoltes pleines le crayon. On y devine Foujita, la clope élégante,
ou Buñuel rêvassant devant des mollets qui dansent... Ateliers d'artistes,
foires et brocantes pavent les trottoirs et rappellent les plus belles heures
du foyer intellectuel que fut Montmartre." Gael Le Bellego
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