"Prometeo" de Luigi Nono est une expérience inouïe de l’écoute.
Somme de sons et de mythes, bibliothèque imaginaire de dieux et de titans, l’œuvre est un théâtre de notre mémoire, des noms de héros qui la peuplent et des cartes que nous en avons tracées : des strates d’instants musicaux suspendus, gorgés de silences, qui se prolongent l’un l’autre ou s’interrompent à l’occasion.
Luigi Nono emprunte le mythe de Prométhée à Eschyle et le dépouille de tout élément narratif. Le texte, dans certaines sections, n’est plus que trace sur la partition, comme un chant muet, destiné au sentiment le plus intérieur des interprètes...
Commencé au milieu des années 1970, alors que les idéologies se fissurent déjà à l’épreuve du pouvoir et des échecs révolutionnaires à travers le monde, achevé presque dix ans plus tard, Prometeo est conçu non en scènes, mais en îles et en stasima (ces moments de chœur de la tragédie antique)...
texte extrait du programme de la "Philharmonie de Paris" (représentation du 7/12/2015)
"Composed in 1984/85, this unique dramatic and philosophical work of over two hours duration is written for recorded and live singing and speaking voices, chorus (at times acapella), four orchestral groups, and many solo instruments including tuned glasses. It is intended as a "dramma in musica" (a drama in music) and uses electronic sound - projection techniques (amplification, distribution, reverberation, echo, etc.) to enhance the acoustic space..."
description by "Blue" Gene Tiranny
"I needed to rethink my whole work and my whole existence not only as a musician but as an intellectual in today's society."
Luigi Nono
Le livret est un montage composé par Massimo Cacciari sur des textes de Walter Benjamin, Hésiode, Eschyle, Hölderlin, Nietzsche, Trakl, Hérodote et Luigi Nono lui-même ... détails ici
Oeuvre superbe, rarement jouée, d'une durée de 2h30, écoutée en "live" hier à la Philharmonie de Paris, avec une splendide distribution et une très belle mise en espace des différents groupes de musiciens, chanteurs et solistes. La double direction d'orchestre était assurée par Ingo Metzmacher et la formidable Matilda Hofman.
Ici le concert à la Philharmonie en entier en version binaurale: <<<*>>>
Et une version courte, en forme de "suite" dirigée par Claudio Abbado:
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