Un petit tour autour des mots et expressions d’argot ancien (en
provenance de plusieurs dictionnaires rédigés entre 1808 et 1907) qui se
rapportent au domaine du sonore, du musical et du domaine du ”parlé”,
du ”dit”, de ce qu’on entendait au 19éme siècle.
Les principales sources sont les suivantes: d’Hautel, 1808 - Delvau, 1867 - Rigaud, 1881 - Virmaître, 1894 - Clémens, 1840 - Larchey, 1865 - Halbert, 1849 - Rossignol, 1901 -
déjà publiées les lettres A & B ici
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C
Cabasser : Bavarder. Signifie aussi Tromper, et même Voler. Bavarder sans cesse à tort et à travers.
Cabasseur : Faiseur de cancans. Signifie aussi Voleur. Bavard. Cancanier ou cancanière (argot du peuple).
Cabotin : Sobriquet injurieux, qui signifie histrion, batteleur ; comédien ambulant, indigne des faveurs de Thalie. Mauvais acteur, le Rapin du Théâtre, comme le Rapin est le Cabotin de la Peinture.
Cachotter : Faire des cachoteries ; parler à voix basse et mystérieusement, à dessein de cacher des choses d’une médiocre importance.
Caisse (donner de la grosse) : Louer très-bruyamment. Allusion aux bateleurs qui attirent leur public à coups de grosse caisse.
Canard, Couac : Fausse note, note qui ne sort pas du gosier du chanteur. Quand l’émission du son commande plus d’une note, le canard prend le nom d’oie. L’autruche est un canard considérable, tout ce qu’il y a de plus fort en couacs (dans le jargon des chanteurs).
Cancanier : Bavard, indiscret. Qui colporte de faux bruits, des médisances. On dit aussi Cancaneur.
Cantonade : Partie du théâtre en dehors du décor (argot des coulisses). Parler à la cantonade. Avoir l’air de parler à quelqu’un qui est censé vous écouter, au propre et au figuré.
Caquet : Rabattre le caquet à quelqu’un. Le faire taire, soit par des menaces, des rebuffades ou des mortifications.
Caquetage : Causerie, commérage, bavardage, propos nuisibles et indiscrets. Se prend toujours en mauvaise part.
Caqueterie : Paroles superflues.
Caqueteur, caqueteuse : Qui babille qui bavarde beaucoup ; diseur de rien ; commère.
Carcasser : Tousser. ”Carcasse-donc ton dernier poumon tu ne nous emmerderas plus la nuit” (argot du peuple).
Carillon : Bruit, tapage, criaillerie, tumulte.
Faire carillon. Pour dire faire vacarme, quereller, crier, gronder, s’emporter en reproches contre quelqu’un.
Sonner à double carillon. C’est-à-dire à coups redoublés à la porte de quelqu’un qui ne veut pas ouvrir, ou qui est absent.
Cascades : Faire ses cascades. Faire des fredaines ; mener une vie irrégulière et libertine, faire des siennes. Vicissitudes, folies. Fantaisies bouffonnes, inégalités grotesques, improvisations fantasques (argot des coulisses).
Casque : Talent oratoire du saltimbanque.
Casser des emblèmes : Conter des mensonges.
Casseur : Un casseur. Terme injurieux et de mépris qui équivaut à tapageur, crâne, mauvais sujet, hâbleur, fanfaron. Tapageur, prêt à tout casser.
Causette : Causerie familière (argot du peuple), qui a eu l’honneur de prêter ce mot à George Sand. Faire la causette. Causer tout bas.
Chabanais, chabannais : Tapage, cris. Reproches violents, quelquefois mêlés de coups de poing, ”Si ce soir, en rentrant, ma femme me dit quelque chose qui me déplaise, je vais lui faire du chabanais.” — ”Quel bruit vous faites, en voila un chabanais !”
Chahuter : Faire tapage, danser le chahut. Ce verbe, qui, à proprement parler, signifie crier comme un chat-huant, vient du nom de cet oiseau autrefois appelé chahu ou cahu…
Chalouper : Danser le chahut.
Chambard : Bruit, tapage. ”Il est de tradition à l’École (Polytechnique) que, à la rentrée, les anciens démolissent les meubles des nouveaux, jettent leurs oreillers et leurs matelas par les fenêtres et dispersent leurs affaires.” C’est ce qu’on appelle faire le chambard.
Chambard (en faire) : Faire un potin infernal (argot du peuple).
Chambarder : Secouer sans précaution, renverser, briser (argot des ouvriers qui ont servi dans l’infanterie de marine). Faire du bruit, du chambard.
Chanter : Faire chanter quelqu’un. Locution burlesque qui signifie soutirer, censurer, rançonner quelqu’un, lui faire payer par ruse ou par force une chose qu’il ne devait pas.
Faire chanter quelqu’un. Signifie aussi le faire crier, en lui infligeant quelque châtiment.
Chanterelle (appuyer sur la) : Faire crier. Assimilation de la voix à la corde aiguë d’un instrument.
Chanteur : Celui qui fait contribuer les rivettes. Voleur spéculant sur la bienfaisance. Homme sans moralité qui prend en main la cause de la morale quand elle est outragée par des gens riches. Misérable gredin qui exerce l’art du chantage. Le prototype du chanteur est celui qui exploite les passions honteuses des émigrés de Gomorrhe, qu’il sait faire financer sous menace de révéler leurs turpitudes. Quelquefois des compères interviennent sous les espèces de faux agents des mœurs. Le nombre des chanteurs est infini, et le chantage s’exerce sur toutes les classes de la société.
Chanteur-recette : Artiste lyrique dont le nom sur l’affiche attire le public dans un théâtre.
Charivari : Bruit de chaudrons, et autres instruments.
Faire charivari. Faire du bruit, mettre le trouble et la confusion en un lieu ; criailler, gronder, quereller.
Charlataner : Éblouir par de belles paroles, tâcher d’entraîner par des discours flatteurs et artificieux, comme le font les hâbleurs et les charlatans.
Chatouille (une) : Une chansonnette. Vieux terme de goguette.
”Allons, dégoise-nous ta petite chatouille” (argot du peuple).
Chaud ! chaud ! : Exclamation du même argot du peuple signifiant : Vite ! dépêchez-vous !
Chaudron Mauvais piano qui rend des sons discordants (argot des bourgeois). Taper sur le chaudron. Jouer du piano (argot du peuple). Vieux et mauvais piano.
Chaudrons : Les gros instruments de musique de cuivre.
Chevalier du lustre : Applaudisseur gagné (argot de théâtre). On dit aussi Romain.
Chèvre : Mécontentement, colère. Gober sa chèvre, c’est s’irriter, se fâcher, poussé à bout par les plaisanteries de l’atelier ou pour toute autre cause. Cette expression est très ancienne.
Chialer : Crier.
Chibis ! : Attention !
Chiche : Il n’est pas chiche de promettre. Se dit d’un homme inconsidéré, d’un hâbleur qui promet beaucoup plus qu’il n’est en son pouvoir de tenir.
Il n’est pas chiche de paroles. Se dit d’un bavard, d’un homme qui ne peut s’empêcher de parler à tort et à travers, et continuellement.
Chiche ! : Exclamation de défi ou de menace (argot des enfants et des ouvriers).
Chique (coller sa) : Argot des enfants qui se servent surtout de cette expression au jeu dit de saute-mouton. Colle ta chique et fais le mort.
Chique (couper la) : Couper la parole, synonyme de couper le sifflet.
Chopin : Objet volé. Sac d’argent. Vol heureux et considérable. ”Quand un voleur fait de la dépense, c’est qu’il a fait un chopin.”
Choquer : En terme bachique, heurter, trinquer, faire carillon avec les verres, porter une santé.
Clabauder : Crier sans sujet, faire des commérages, se complaire à la médisance. Crier à propos de tout, et surtout à propos de rien, comme un chien (argot des bourgeois). Signifie aussi répéter un bruit, une nouvelle, faire des cancans, et alors il est verbe actif.
Clabaudeur : Brailleur, criard, bavard qui parle à tort et à travers.
Claquette : Bavard.
Clas clas : Pour exprimer le bruit d’une bombe, d’un feu d’artifice, etc…
”Faire un grand clas clas.” Faire beaucoup de bruit pour rien.
Cliquette : Oreille. V. Esgourdes.
Cloche : On dirait qu’il sort de dessous une cloche. Se dit par ironie d’un hébété, d’un ébaubi qui a toujours l’air de ne pas comprendre ce qu’on lui dit, et d’être embarrassé des choses les plus faciles.
Clouer le bec : Imposer silence à un importun, ou à un mauvais raisonneur (argot du peuple). On dit aussi River le clou.
Cocottes (faire des) : Se livrer en chantant à des fioritures improvisées.
Coïonnerie : Dire des coïonneries. Tenir des discours grivois et facétieux. Le vulgaire, en faisant usage de ces mots, prononce couillon, couillonnade, couillonner, couillonnerie.
Complimenteur : On fait un calembour de ce mot, en mettant une réticence après les deux premières syllabes, et l’on dit à un homme qui s’épuise en longs compliments, en louanges excessives, que c’est un compli-menteur.
Composition : Une fille ou une femme de bonne composition. Malignement et en mauvaise part, fille ou femme qui prête l’oreille aux fleurettes, aux propos galants.
Compositrice : Jeune fille ou femme qui se livre au travail de la composition. Nous ne réveillerons pas ici la question tant de fois débattue du travail des femmes ; nous ne rappellerons pas les discussions qui se sont élevées particulièrement à propos de la mesure prise par la Société typographique, qui interdisait à ses membres les imprimeries où les femmes sont employées à la casse à un prix inférieur à celui fixé par le tarif accepté. Les typographes, plus moraux que les moralistes, trouvent que la place de leurs femmes et de leurs filles est plutôt au foyer domestique qu’à l’atelier de composition, où le mélange des deux sexes entraîne ses suites ordinaires... Les philanthropes qui les emploient vont les recruter dans les ouvroirs, les orphelinats ou les écoles religieuses. Ces jeunes filles, en s’initiant tant bien que mal à l’art de Gutenberg, ne manquent pas de cueillir la fine fleur du langage de l’atelier et de devenir sous ce rapport de vraies typotes comme elles se nomment entre elles. L’argot typographique ne tarde pas à se substituer à la langue maternelle; mais il en est de l’argot comme de l’ivrognerie: ce qui n’est qu’un défaut chez l’homme devient un vice chez la femme, et il peut en résulter pour elle plus d’un inconvénient... L’admission des femmes dans la typographie a eu aussi un autre résultat fâcheux: elle a fait dégénérer l’art en métier. Pour s’en convaincre, il suffit d’examiner les ouvrages sortis des imprimeries où les femmes sont à peu près exclusivement employées.
Conférencier : Orateur en chambre, qui parle de tout sans souvent être payé pour cela. Mot nouveau, profession nouvelle. Individu qui parle sur un sujet quelconque, devant un public quelconque, dans une salle quelconque.
Conspiration du silence : Entente tacite de la presse, dans le but d’étouffer un nouveau journal sous le poids du silence, un silence plus préjudiciable que les critiques les plus acerbes. En vain pour le faire rompre, le nouveau venu passe-t-il de la flatterie aux invectives et des invectives à la provocation. Nouvelles à sensation, articles originaux, autant d’encre perdue. Les vétérans du journalisme demeurent muets ; puis, un beau jour, la feuille infortunée rend le dernier soupir sans que le public se soit seulement douté de son existence ; et un autre beau jour, les articles originaux morts-nés, légèrement démarqués, obtiennent un succès prodigieux dans la feuille d’un des conspirateurs sans délicatesse.
Cor : ”Appeler quelqu’un à cor et à cri”. C’est à-dire à tue-tête, le chercher partout en l’appelant.
Corner : Crier à tue-tête ; parler d’une manière peu décente aux oreilles de quelqu’un: ”il n’a fait que me corner cela aux oreilles”.
Il faut lui corner les choses pour qu’il les entende. Se dit par humour d’un homme qui a l’habitude de faire répéter plusieurs fois, quoique fort souvent il ait bien entendu ce qu’on lui a dit.
Les oreilles doivent lui corner. Pour dire, doivent lui tinter. On croit vulgairement que lorsqu’une personne éprouve un tintement d’oreilles, c’est un signe certain que l’on s’entretient sur son compte.
Corner. Crier avec importunité, publier quelque chose avec éclat.
Couiner : Parler en larmoyant.
Couloir à airs : Chanteuse (jargon des voyous). Gosier.
Coupe sifflet : Couteau (Argot des voleurs). voir Lingre.
Crachoir (tenir le) : Pérorer. Bien jouer du crachoir, bien parler. Parler plus souvent qu’il ne faut, et quelquefois à tort et à travers; faire l’orateur.
Craque : Menterie (argot des enfants et des faubouriens).
Criailler : Quereller, brailler, crier à tort et à travers, et souvent sans raison.
Criaillerie : Crierie, clabauderie, cris importuns et répétés.
Criailleur : Qui crie, qui gronde continuellement, et sur les moindres choses.
Criard : Braillard, homme qui se met facilement en colère.
Criarde : Sonnette. Tirer la criarde, sonner.
Criblage : Cri, appel désespéré. ”On peut les pésiguer et les tourtouser en leur bonnissant qu’ils seront escarpés s’il y a du criblage.” Vidocq.
Cribler : Crier. Corruption du mot crier. V. Charron.
”Cribler à la chienlit ou au charron”. Crier au voleur. ”Cribler à la grive”. Avertir un camarade, en train de travailler, de l’arrivée de la police ou d’importuns quelconques.
Cribler à la grive : Crier, avertir de prendre garde. Crier à la garde. Appeler au secours (argot des voleurs).
Cribleur : Crieur.
Cric-crac ! : Avertissement qui précède la narration par un loustic, d’une gaudriole ou d’un conte.
Crier au vinaigre : Crier après quelqu’un (argot [du peuple). Appeler au secours.
Crin-Crin : Violon. Allusion au grincement de l’archet sur les cordes (argot du peuple). Violon de barrière (argot du peuple).
Crocher : Sonner.
Crosser : Sonner. Médire. Se crosser, se battre. Dire du mal de quelqu’un.
Crosser quelqu’un : Médire de lui avec violence,.
Crosseur : Sonneur de cloches.
Cuivres (les) : Instruments de musique en cuivre.
Bien entendu, chacun de ces mots d’argot recensés ont d’autres
sens
que ceux pour lesquels nous les avons consignés ici de façon non
exhaustive, ayant volontairement gommé les provenances
historiographiques de la plupart d’entre ces mots et expressions pour
aller plus directement à leur sens relatif au sonore et au musical. Vous
pouvez néanmoins trouver plus d’informations sur chacun de ces mots et
expressions directement sur ce dictionnaire en ligne, établi par Charles
Boutler.
En ligne, le dictionnaire d’argot français classique ARGOJI dont est tiré ce glossaire
”Le grand monde a son argot. Mais cet argot s'appelle le style” Honoré de Balzac
à suivre .... et aussi à noter un lexique de mots rares, anciens, parfois inusités ou méconnus,
tous relatifs au monde du sonore et du musical : ICI
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