Un petit tour autour des mots et expressions d’argot ancien (en provenance de plusieurs dictionnaires rédigés entre 1808 et 1907) qui se rapportent au domaine du sonore, du musical et du domaine du ”parlé”, du ”dit”, de ce qu’on entendait au 19éme siècle.
Rappel:
Argot: en 1628 pour dire ”communauté des Gueux”
& à partir de 1701, langage de convention dont se servaient les
gueux, les bohémiens, etc... c'est-à-dire langage particulier aux
malfaiteurs, vagabonds, voleurs, assassins, repris de justice. Au 19éme
siècle et aujourd'hui
essentiellement langage ou vocabulaire particulier qui se crée à
l'intérieur de groupes sociaux ou socio-professionnels déterminés
(typographes, étudiants, artistes, faubouriens, peuple...) et
par lequel l'individu affiche son appartenance au groupe et se distingue
de la masse des sujets parlants. source CNRTL
Par exemple, en préambule, plusieurs sens du mot ”musique” !!!
Musique : d'après Delvau (1867) Ce qui reste au fond de l’auge (argot des maçons). Par extension, Résidu d'un verre, d'un vase quelconque.
Musique : d'après Delvau (1867) Morceaux de draps cousus les uns après les autres.
Musique : d'après Rigaud (1881) Dénonciation. Passer à la musique, être confronté avec un dénonciateur.
A
Aboyer : Clabauder, criailler, gronder après quelqu’un, l’accabler de propos grossiers et outrageants.
Tout chien qui aboye ne mord pas. Signifie que ceux qui épanchent leur humeur en menaces et en paroles injurieuses, font souvent plus de bruit que de mal.
Aboyer à la lune : Crier, pester, tempêter inutilement et contre plus fort que soi.
Aboyeur : Terme de mépris, nom que l’on donne aux crieurs des rues, des marchés ou à la porte des théâtres forains, et généralement à ces hommes qui n’ont sans cesse à la bouche que des injures et des obscénités. Ce mot servait aussi, pendant la révolution, à désigner les esprits exaspérés que les chefs de parti mettaient en ayant, pour exciter le peuple à l’insubordination et à la révolte.
Accordéon : Chapeau Gibus (argot des faubouriens), par allusion au soufflet placé à l’intérieur de ce chapeau. Se dit aussi d’un chapeau ordinaire sur lequel on s’est assis par mégarde. Chapeau à claque, chapeau sur lequel on s’est assis avec ou sans intention.
Affaler son grelot : Se taire. Dans le peuple, on dit d’une femme bavarde qu’elle est un moulin à paroles. Quand elle bavarde trop bruyamment, on lui conseille de mettre du papier dans sa sonnette.
Ahanner, ahaner : Souffler, être essoufflé, gémir. Ce mot qui, d’après l’Académie, serait peu usité, est au contraire très usité dans les patois du Centre.
Ain ? : Espèce d’interrogation, qui équivaut à Plaît-il ? Que dites-vous ? On se sert fort communément de ce monosyllabe pour engager quelqu’un, que l’on n’a pas bien entendu ou compris, à répéter ce qu’il a dit.
Alangué : Beau parleur, bavard (patois du Centre).
Aller à Niort : Ne rien dire, se taire, garder le silence, nier (argot des voleurs).
Amphigouri : Discours ambigu et embrouillé dont les mots ne présentent aucun sens déterminé.
Appeler Azor : Siffler un acteur comme on siffle un chien (argot des comédiens, argot des coulisses).
Argoter : Parler l’argot, tenir le langage des porte-balles et des filous.
Arsouiller : Engueuler (argot des faubouriens).
Avaleur de cuivre : Musicien qui joue du trombone à coulisse.
B
Bahuter : Faire du vacarme (argot des Saint-Cyriens). Faire du tapage. Au XVIIe siècle, ce mot signifiait faire plus de bruit que de besogne, par allusion aux ouvriers bahuteurs ou layetiers, ”lesquels, après avoir cogné un clou, donnent plusieurs coups de marteau inutiles, avant d’en cogner un autre”.
Bahuteur : Tapageur. Se dit aussi d’un élève qui change souvent de pension.
Bahutier : Se dit d’un homme brouillon et turbulent, d’un hâbleur qui fait beaucoup de bruit et très-peu d’ouvrage.
Balayer les planches : Jouer dans une pièce qui sert de lever de rideau (jargon des comédiens). Chanter le premier dans un concert (argot des coulisses).
Baliverner : Dire ou conter des balivernes, se jouer de quelqu’un, le berner, donner son temps à des occupations vaines et frivoles, niaiser, badauder.
Banco ! :
Exclamation de l’argot des joueurs de lansquenet qui signifie : Je tiens ! Faire banco. Tenir les enjeux.
Battante : Cloche.
Bavette : Causerie, bavarderie, commérage.
Beuglant : Café-concert. Concert où il y a de mauvais artistes et où les spectateurs chantent avec eux. Le premier café-concert auquel on a infligé ce surnom fut le café des Folies-Dauphine, fréquenté par les étudiants. Café chantant où les spectateurs chantent en chœur avec les artistes. Les deux plus célèbres furent le Beuglant de la rue Contrescarpe et le Divan japonais de Jean Sarrazin.
Beuglante : Chanteuse de café-concert.
Beugler : Pleurer (argot du peuple).
Billevesée : Au propre, bulle que les enfants se plaisent à former dans l’eau de savon. Au figuré, contes en l’air, bagatelles, idées creuses et chimériques.
Bobinche : L’ancien théâtre Bobino. Les étudiants disaient Bobinsky (argot des étudiants).
Bocotter : Murmurer, marmotter entre ses dents, rechigner (dans l’argot du peuple). Grogner, ne pas être content.
Boniment : Conversation. Parole, récit. Avoir du boniment: avoir de la blague. Discours persuasif.
Boucan : Au propre, lieu où les sauvages font fumer leurs viandes. Au figuré: terme de mépris, lieu de débauches et de prostitution, tripot, maison sans ordre, sans tenue.
Signifie aussi charivari, vacarme, bruit que l’on fait soit en se divertissant, soit en querellant ou en grondant quelqu’un.
Rixe de cabaret (argot du peuple). Faire du scandale, ce que les Italiens appellent far bordello. Battre ou réprimander quelqu’un. Un boucan s’organise pour empêcher un orateur de parler ou un acteur de remplir son rôle. Les étudiants sont passés maîtres dans l’art d’organiser un boucan. Donner un boucan, gronder en élevant très fort la voix, à grand bruit.
”C’est un lieu de débauche, dans les petites rues, écarté du grand monde ; les chambres y sont obscures et malpropres, parce que les jeunes gens qui y vont, et qui ont gagné quelques faveurs, c’est-à-dire du mal, y font souvent tapage, et jettent tous les meubles par la fenêtre ; c’est pourquoi les pourvoyeuses ont grand soin de ne garnir leur académie que de quelques chaises avec quelques paillasses.” (Le Roux, Dict. comique.)
Boucan (faire du) : Faire du bruit, du tapage, du désordre. Agir comme des boucaniers, du mot caraïbe Bou-Kann, lieu où les Indiens de l’Amérique séchaient leurs viandes.
Boucaner : Faire tapage, réprimander, gronder, vespériser.
Bouffeter : Causer, bavarder (argot des faubouriens).
Bourdon : On dit de quelqu’un qui parle continuellement, que c’est un bourdon perpétuel.
Bourdonner : Grommeler, marmonner.
Bousin, bouzin : Grand bruit, désordre, cabaret borgne, maison mal famée.
Bousiner : Faire tapage, charivari, gronder, tancer quelqu’un d’une belle manière.
Bousineur : Tapageur, faiseur de bousin.
Boyau : Pour dire jouer mal du violon ou d'un autre instrument à corde.
Brailler : Criailler, clabauder. Parler d’une voix aigre et perçante, pousser de grands cris en pleurant. Chanter.
Brandillante : Sonnette. Cloche. Par le mouvement que lui imprime le cordon, elle brandille (argot des voleurs).
Brandillante, brandilleuse : Sonnette. Brandilleuse enrhumée, sonnette fêlée.
Brandiller : Mouvoir continuellement la tête, ainsi que le font la plupart des personnes avancées en âge. Ne pouvoir rester en place, se balancer sur sa chaise.
Brandilleuse : Sonnette (argot des voyous).
Branlante : Sonnette.
Brisacque : Bruit.
Brouta : Discours dans l’argot de l’École de Saint-Cyr et du Prytanée militaire, du nom d’un ancien professeur. On dit broutasser dans le même argot et broutasseur, un bavard.
Bruit : Faire plus de bruit, que de besogne. Voyez Bahutier.
C’est un bon cheval de trompette, il ne s’étonne point du bruit que l’on fait. Se dit d’un homme flegmatique, indifférent et froid, qui laisse tempêter les gens sans être ému de leur impétuosité et de leur colère.
Bien entendu, chacun de ces mots d’argot recensés ont d’autres sens
que ceux pour lesquels nous les avons consignés ici de façon non
exhaustive, ayant volontairement gommé les provenances historiographiques de la plupart d’entre ces mots et expressions pour aller plus directement à leur sens relatif au sonore et au musical. Vous pouvez néanmoins trouver plus d’informations sur chacun de ces mots et expressions directement sur ce dictionnaire en ligne, établi par Charles Boutler.
En ligne, le dictionnaire d’argot français classique ARGOJI dont est tiré ce glossaire
”L’argot, c’est la langue des ténébreux” Victor Hugo
à suivre ....
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